domenica 4 gennaio 2015

L'angoscia

Natura, niente di te mi sommuove, né i campi
generosi, né l’eco vermiglia delle pastorali
siciliane, né gli sfarzi aurorali,
né la dolente solennità dei tramonti.

Rido dell’Arte, rido anche dell'Uomo, dei canti,
dei versi, dei templi greci e delle torri a spirale
che le cattedrali tendono nel cielo vuoto,
e guardo col medesimo occhio buoni e cattivi.

Non credo in Dio, abiuro e rinnego
ogni pensiero, e quanto alla vecchia ironia,
l’Amore, vorrei che non me se ne parlasse più.

Stanca di vivere, con la paura di morire, simile
al vascello perduto in balia dei flutti,
la mia anima salpa per orrendi naufragi.

-----

Nature, rien de toi ne m’émeut, ni les champs
Nourriciers, ni l’écho vermeil des pastorales
Siciliennes, ni les pompes aurorales,
Ni la solennité dolente des couchants.

Je ris de l’Art, je ris de l’Homme aussi, des chants,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales,
Et je vois du même oeil les bons et les méchants.

Je ne crois pas en Dieu, j’abjure et je renie
Toute pensée, et quant à la vieille ironie,
L’Amour, je voudrais bien qu’on ne m’en parlât plus.

Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille
Au brick perdu jouet du flux et du reflux,
Mon âme pour d’affreux naufrages appareille.


(Paul Verlaine)

Nessun commento:

Posta un commento