venerdì 7 dicembre 2012

La musa malata

Ahi, mia povera musa, che cos’hai stamattina?
Nei tuoi occhi infossati fan ressa le visioni
notturne, a freddi lampi sul tuo viso
passano taciturni l’orrore e la follia.

Il succubo verdastro e il diavoletto rosa
paura e amore dalle urne hanno versato?
Dispotico e maligno l’incubo t’ha tenuta
con la testa sott’acqua in un Minturno favoloso?

Io voglio che il tuo petto odori di salute
e sia abitato da forti pensieri
e che il sangue cristiano ti pulsi nelle vene

cadenzato, sonoro come nei ritmi antichi
dove regnano a turno il padre di ogni canto,
Febo, e il grande Pan, signore delle messi.

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Ma pauvre muse, hélas! qu’as-tu donc ce matin?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l’horreur, froides et taciturnes.

Le succube verdâtre et le rose lutin
T’ont-ils versé la peur et l’amour de leurs urnes?
Le cauchemar, d’un poing despotique et mutin
T’a-t-il noyée au fond d’un fabuleux Minturnes?

Je voudrais qu’exhalant l’odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques,

Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.


(Charles Baudelaire)

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